Gloire

Ma famille américaine a instauré une tradition du réveillon de Noël dans notre quartier il y a une vingtaine d'années. Le matin du réveillon, nous distribuons de la pâte à modeler aux enfants du quartier et leur demandons de créer les personnages du récit de Noël. Un enfant fait Marie, un autre Joseph. Certains enfants font des moutons, des ânes et des chameaux, d'autres des bergers, des rois mages et des anges. Quelqu'un crée l'étoile. Et bien sûr, il y a l’enfant Jésus.

Puis, à 18 h, tous les voisins se rassemblent dans notre jardin pour la lecture de l’histoire de Noël. Nous installons une table avec une petite crèche. Puis, à mesure que leurs personnages arrivent, les enfants placent leurs créations dans la crèche. Certaines de ces pièces sont des chefs-d'œuvre, de parfaites petites figurines à rendre Michel-Ange jaloux. D'autres… eh bien, elles ressemblent davantage à un Picasso avec les deux yeux du même côté de la tête. Tout cela prend environ dix minutes, mais une fois terminé, nous avons une magnifique crèche artisanale, parfois pleine d'humour. C'est notre moment préféré de Noël.

Cette tradition rappelle la coutume beaucoup plus ancienne des crèches françaises et de santons de Noël beaucoup plus élaborés et artistiques que la nôtre et qui remontent au temps de la Révolution française. Les croyants ne pouvaient plus exposer de crèches dans leurs églises à cette époque, et ils se sont mis à créer des personnages des villages pour les placer dans des crèches avec les animaux traditionnels, la famille de Jésus, etc. Tout le monde se rassemblait dans les maisons pour commémorer la venue de Jésus.

Mais pour moi, le moment le plus important dans cette préparation de la célébration de Noël, c’est quand nous nous rappelons ensemble cette phrase de l’évangile selon Luc, au chapitre 2 et verset 9 : « La gloire du Seigneur resplendit autour des bergers. » Quand je lis cette phrase, quelqu’un allume une bougie sur le toit de l'étable, et toute la scène est baignée de lumière. Et cette lumière se reflète sur le visage de tous les petits enfants autour de la table. Cela nous fait penser à la gloire du Seigneur. Évidemment, la lumière de la bougie n’a rien à voir avec la splendeur qui a rempli de frayeur les bergers dans les champs, mais c’est un symbole assez émouvant dans notre quartier !

Je pense souvent à cette bougie comme à vous et moi. En fait, Jésus nous a comparés à la lumière d’une lampe allumée, lorsqu'il a dit dans son Sermon sur la montagne que nous rapporte Matthieu dans son évangile, au chapitre 5, versets 14 à 16 : « Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut pas être cachée, et on n'allume pas non plus une lampe pour la mettre sous un seau, mais on la met sur son support et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. Que, de la même manière, votre lumière brille devant les hommes afin qu'ils voient votre belle manière d’agir et qu’ainsi ils célèbrent la gloire de votre Père céleste. » La lumière qui émane de nous et qui brille autour de nous correspond à notre comportement qui honore Dieu. Ceux qui nous voient et nous observent sont conduits à rendre eux-mêmes gloire à Dieu !

En disant que nous sommes la lumière du monde, Jésus nous fait un grand compliment, mais cela implique aussi une grande responsabilité de notre part, car il s'est attribué ce titre quand il vivait sur cette terre. Nous sommes loin de nous comporter aussi parfaitement que lui et de faire rayonner autour de nous sa lumière comme il l’a fait !

Être la lumière du monde signifie que nous ne sommes pas seulement des récepteurs de lumière, mais aussi des dispensateurs de lumière. Nous devons nous préoccuper davantage que de nous-mêmes, nous ne pouvons pas vivre uniquement pour nous-mêmes ; nous devons vivre auprès des autres pour rayonner et agir envers eux avec amour. Jésus ne nous a jamais mis au défi de devenir la lumière. Il a simplement dit que nous sommes la lumière : soit nous remplissons notre rôle, soit nous ne prenons pas au sérieux la responsabilité qui nous est confiée. La lumière est nécessaire car le monde est dans les ténèbres, et si notre christianisme imite les ténèbres, nous n'avons rien à montrer au monde. Pour être efficaces, nous devons rechercher, afficher, et vivre nos valeurs chrétiennes. Nous ne pourrons jamais influencer le monde pour Jésus en devenant comme le monde.

L’apôtre Paul ajoute dans sa deuxième lettre aux Corinthiens, au chapitre trois, verset 18 que : « Nous sommes transformés à son image, de gloire en gloire, par l'Esprit du Seigneur. » Cette œuvre de transformation est un processus. Nous sommes en train d'être transformés ; l'œuvre n'est pas encore achevée, et personne ne devrait s'attendre à ce qu'elle le soit pour soi-même ou pour les autres. Personne ne sort d'un moment incroyable avec le Seigneur parfaitement transformé. L'œuvre de Dieu dans nos vies peut être une progression continue, de gloire en gloire. L’apôtre Paul souligne deux points. Premièrement, l’accès à Dieu et à sa présence transformatrice nous est donné par la Nouvelle Alliance, car c'est par elle que nous recevons l'Esprit du Seigneur. Deuxièmement, cette œuvre de transformation est véritablement l'œuvre de Dieu en nous. Elle se produit par l'Esprit du Seigneur, et non par la volonté ou les efforts humains. Nous n'atteignons ni ne gagnons la transformation spirituelle en contemplant la gloire du Seigneur comme dans un miroir. Nous nous mettons simplement dans un lieu où l'Esprit du Seigneur peut nous transformer.

Réfléchissez maintenant à ceci : que fait la lumière ? La lumière dissipe les ténèbres. Elle révèle la beauté. La lumière illumine la vérité. Elle réchauffe. La lumière guérit. Et la lumière aide les gens à voir où ils vont ; elle les aide aussi à trouver leur chemin. C’est comme si Jésus nous disait : « Voilà ce que je veux que vous fassiez. Vous êtes la lumière du monde. Je veux que vous apportiez de la chaleur aux cœurs froids. Je veux que vous brilliez dans un monde de ténèbres. Je veux que vous illuminiez et révéliez la vérité. Et je veux que vous aidiez les autres à trouver le chemin qui mène à moi. » Tout comme la gloire du Seigneur entourait les bergers, Dieu veut que sa gloire brille tout autour de nous. D'ailleurs, l’apôtre Paul précise dans sa lettre aux Philippiens, au chapitre deux, que « c’est comme des flambeaux dans le monde » que nous brillons parmi les gens pervers et corrompus.

Éclairons donc le monde par des œuvres bonnes. Des œuvres de compassion : nous sommes sensibles à la souffrance des autres et faisons notre possible pour la soulager. Des œuvres de bonté : nous sommes bons envers ceux qui nous ont offensés et nous pardonnons à ceux qui pèchent contre nous. Des œuvres de justice : nous prenons la parole pour ceux qui ne peuvent pas se défendre, et usons de notre influence pour aider ceux qui n’en ont pas. Des œuvres de générosité : lorsque nous constatons un besoin, nous y répondons si nous en avons la possibilité. Des œuvres d’altruisme : nous donnons la priorité aux autres.

Autrement dit, nous éclairons le monde en permettant aux gens, non seulement d’entendre, mais de voir concrètement l’amour de Christ. Et lorsqu’ils verront que nous nous soucions d’eux, ils voudront connaître la raison de notre espérance. À la vue de nos œuvres bonnes, comme l’a dit Jésus, ils loueront notre Père céleste. C’est ainsi que nous faisons briller notre lumière pour la gloire de Dieu ; autrement dit, nous laissons la gloire du Seigneur resplendir autour de ceux qui vivent dans les ténèbres, afin qu’ils puissent trouver le chemin de la crèche, à l’image des bergers qui ont trouvé Jésus couché dans une mangeoire.

Prions ensemble : « Seigneur Jésus, merci pour ta lumière qui nous éclaire. Nous confessons que nous ne sommes pas à la hauteur pour suivre ton exemple, toi la Lumière qui illumine le monde. Nous ne sommes qu’une lampe, et nous confessons humblement que nous cachons parfois ta lumière lorsque nous ne nous comportons pas conformément à tes enseignements. Nous nous repentons et te demandons de nous renouveler par ton Esprit. Qu’il nous éclaire pour que nous puissions à nouveau éclairer ceux qui vivent dans l’obscurité, loin de toi. Permets que nous donnions envie à ceux qui nous entourent et qui n’ont pas reçu ta lumière, de te rendre gloire en voyant comment nous vivons. C’est en ton nom que nous te le demandons, amen. »