15:23
Bonjour, et bienvenue à Dieu au quotidien, notre série d’études méditatives sur l’évangile selon Jean ! Aujourd'hui, nous poursuivrons notre réflexion sur le chapitre 13. Nous en sommes au cinquième et dernier jour de notre survol de ce chapitre, et étudierons les versets qui précèdent le passage que nous avons examiné hier, les versets 18 à 34, qui concernent Judas, ainsi que ceux qui le suivent, les versets 36 à 38, qui concernent Simon Pierre. Avant de donner à ses disciples son commandement nouveau sur l’amour des uns et des autres, Jésus parle de Judas en des termes qui surprennent tous ses disciples. Lisons ce qu’il dit aux versets 18 à 20 : « Je ne parle pas de vous tous : je connais ceux que j'ai choisis. Mais il faut que l'Écriture s'accomplisse : ‘Celui qui mange le pain avec moi a levé son talon contre moi. Je vous le dis déjà maintenant, avant que cela n'arrive, afin que, lorsque cela arrivera, vous croyiez que moi, je suis.’ En vérité, en vérité, je vous le dis, qui reçoit celui que j'aurai envoyé me reçoit, moi, et qui me reçoit reçoit celui qui m'a envoyé. »
Jésus parle d'un traître au début de ce passage. Il parle de quelqu'un qui va lever son talon contre lui. C'est l'image d'un cheval qui donne des coups de pied à son maître, quelqu'un qui va faire du mal à un autre. Jésus parle de Judas. En fait, en parcourant ce passage aujourd'hui, vous verrez que tout ce repas est un appel à Judas. Lorsque Jésus lava les pieds des disciples et les servit, il fit appel au cœur de Judas. On voit que Jésus faisait appel à son cœur, mais Judas n’avait jamais suivi Jésus de tout son cœur. Il avait été malhonnête tout au long des trois années qu’il avait passées avec Jésus et les disciples. Il s’était endurci et a refusé l’appel que lui avait lancé Jésus. Il a enfin refusé un dernier appel quand Jésus lui tendit le morceau de pain qu’il avait trempé, et c’est à ce moment-là que le diable est entré en lui. Écoutons ce qui s’est passé et que nous lisons aux versets 21 à 30 : « Après avoir dit ces paroles, Jésus fut profondément troublé, et il déclara solennellement: ‘En vérité, en vérité, je vous le dis, l'un de vous me trahira.’ Les disciples se regardaient les uns les autres, sans savoir de qui il parlait. Un des disciples, celui que Jésus aimait, était à table à côté de Jésus. Simon Pierre lui fit donc signe de demander qui était celui dont parlait Jésus. Ce disciple se pencha vers Jésus et lui dit: ‘Seigneur, qui est-ce?’ Jésus répondit: ‘C'est celui à qui je donnerai le morceau que je vais tremper.’ Puis il trempa le morceau et le donna à Judas, fils de Simon, l'Iscariot. Dès que Judas eut pris le morceau, Satan entra en lui. Jésus lui dit: ‘Ce que tu fais, fais-le rapidement.’ Aucun de ceux qui étaient à table ne comprit pourquoi il lui disait cela. Comme Judas tenait la bourse, quelques-uns pensaient que Jésus lui disait: ‘Achète ce dont nous avons besoin pour la fête’ ou qu'il lui demandait de donner quelque chose aux pauvres. Après avoir pris le morceau, Judas sortit aussitôt. Il faisait nuit. »
Beaucoup de gens se sont demandé comment personne parmi les disciples ne se soit douté que Jésus parlait de Judas. N’était-ce pas évident ? Même quand Jésus lui a donné le morceau de pain ? Pourtant, Jésus venait de le leur dire : ‘C'est celui à qui je donnerai le morceau que je vais tremper.’ Est-ce que les disciples lui faisaient- entièrement confiance ? Ils ont bien dû savoir qu’il volait l’argent de leur bourse commune. Jésus en a parlé avec Jean et Pierre, mais eux-mêmes en étaient restés confus. Quant à Judas, il a bien compris que Jésus avait découvert qu’il complotait contre son maître, il savait que son cœur s’était endurci. Mais les autres disciples ne pouvaient pas imaginer qu’un des leurs pourrait faire une chose aussi cruelle. Ils ont même pensé que Judas était sorti pour aller faire du bien aux pauvres ! C’est dire combien il peut être difficile de repérer les traîtres. Ils peuvent donner l’apparence d’être bons et généreux. Ils peuvent être plausibles. Or, même dans un cercle aussi protégé et béni par Jésus, il est possible de le trahir, de faire semblant d’être à son école, d’apprendre son enseignement, et de faire comme les autres, tout en étant infidèle, et donc hypocrite.
Pourtant, Jésus ne semble pas l’avoir réprimandé pendant les trois années qu’il a vécu avec Judas. Il lui a toujours montré son amour, et lui a même lavé les pieds. Il l’a traité comme les autres. Il a aimé Judas, jusqu’à la fin. Il a aimé son ennemi, sans jamais faillir. Il lui a littéralement tendu la main en lui tendant ce dernier morceau de pain. C’était une invitation à admettre ses torts et à se reprendre. Mais, endurci qu’il était, Judas a laissé le diable entrer en lui pour le conduire à trahir celui qui l’avait tant aimé. Jésus savait que Judas n'accepterait pas son invitation. Ce n’est pas lui qui a abandonné Judas à son sort, c’est Judas, tout au contraire, qui a délibérément choisi d’abandonner son maître et de le livrer pour qu’il soit tué.
Lorsque Judas a quitté Jésus et les disciples, il faisait nuit. C’est dans l’obscurité la plus totale qu’il a commis son acte le plus sombre. Il a rejeté la lumière du monde qui pourtant a brillé pendant des années devant lui. On se rappelle les premiers mots de l’évangile selon Jean : « La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont pas accueillie. » Judas n’a pas accueilli la lumière du monde.
Judas n’était pas un Galiléen comme les autres disciples, mais de « Kerioth », une petite ville de Judée. Son nom « Iscariot » veut dire en hébreu « homme de Kerioth. A-t-il été déçu par Jésus parce qu’il ne voulait pas d’un roi qui meure sur une croix mais d’un roi glorieux qui délivrerait Israël de l’occupant romain ? Nous ne le saurons jamais, mais Jean nous dit que ce gardien de la bourse commune était un voleur. Il n’était pas honnête et ne s’est pas rendu compte à quel point il s’était ouvert à l’œuvre de Satan en lui. Quand il le sera ce sera trop tard, et son remords ne le conduira pas à la repentance, à l’inverse de Pierre. C’est pourquoi l’apôtre Paul, dans sa lettre aux Éphésiens, nous recommande de ne pas donner accès au Diable.
Nous lisons aux versets 31 à 33 de notre chapitre ce que Jésus a dit près le départ de Judas : « Maintenant, la gloire du Fils de l'homme a été révélée et la gloire de Dieu a été révélée en lui. [Si la gloire de Dieu a été révélée en lui,] Dieu aussi révélera sa gloire en lui-même, et il la révélera très bientôt. Mes petits enfants, je suis encore avec vous pour un peu de temps. Vous me chercherez, et ce que j'ai dit aux Juifs: ‘Vous ne pouvez pas venir où je vais’, je vous le dis à vous aussi maintenant. » Jésus a attendu le départ du traître avant de parler à ses proches amis de sa glorification. En fait, dans ce court passage, Jésus parle de sa « gloire » à 5 reprises ! Et comment va-t-il être glorifié ? En obéissant au Père jusqu’à la croix, en obéissant jusqu’au bout.
Et Jésus dit : « Je vais être glorifié et je m'en vais, et là où je vais, vous ne pourrez aller. » La réaction de Pierre à cela nous enseigne autre chose sur notre réponse à l'amour de Dieu. Voyez-vous, Judas a rejeté l'amour de Dieu cette nuit-là, l'amour de Jésus, mais Pierre, lui, a manqué l'amour de Jésus. Il ne l’a pas rejeté, mais n’a pas compris ce que Jésus venait de dire aux versets 34 et 35 que nous avons étudiés hier : « Je vous donne un commandement nouveau: Aimez-vous les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. C'est à cela que tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples: si vous avez de l'amour les uns pour les autres. » Lisons aux versets 36 à 38 la conversation que Pierre a avec Jésus : « Simon Pierre lui dit : ‘Seigneur, où vas-tu ?’ Jésus répondit : ‘Tu ne peux pas me suivre maintenant là où je vais, mais tu m’y suivras plus tard.’ ‘Seigneur, lui dit Pierre, pourquoi ne puis-je pas te suivre maintenant ? Je donnerai ma vie pour toi.’ Jésus répondit : ‘Tu donneras ta vie pour moi? En vérité, en vérité, je te le dis, le coq ne chantera pas avant que tu ne m'aies renié trois fois.’ »
Au lieu d’écouter le nouveau commandement de Jésus, Pierre se préoccupait plutôt de savoir où Jésus allait se rendre sans ses disciples. Il était tellement absorbé par sa propre question qu’il a négligé l’essentiel de ce que Jésus voulait lui enseigner. Il ne pouvait pas comprendre que seul Jésus pouvait aller à la croix pour que les péchés de l’humanité soient pardonnés. Jésus lui répond franchement et veut lui faire comprendre que c’est lui, Jésus, qui ne va jamais abandonner Pierre, que c’est lui, Jésus qui va mourir pour Pierre, et pas l’inverse. Jésus savait que Pierre allait l’abandonner et le renier pour un temps, tout comme il savait que Judas le trahirait. Et, de même qu’il savait que Judas ne reviendrait pas à lui, il savait que Pierre regretterait amèrement sa trahison, et qu’un jour il suivrait son maître, une fois transformé. Jésus, qui l’a aimé à l’extrême, l’avait pardonné avant même que Pierre ne le suive jusqu’au bout avec confiance et assurance. Quel encouragement de savoir que Jésus peut se servir de personnes remplies d’émotions et de contradictions, de personnes impulsives capables de dire des choses les plus sages et les plus intuitives, mais aussi des choses stupides et irraisonnées. Jésus a aimé Pierre et l’a accepté tel qu’il était, avec tous ses défauts. Il a aimé Judas et lui a donné de multiples occasions de l’aimer en retour, mais Judas l’a rejeté.
Et Jésus a aussi aimé le disciple qui ne l’a jamais quitté. Celui que Jésus aimait en particulier était Jean, l’auteur de l’évangile qui porte son nom, le disciple humble et discret qui n’a pas osé parler de lui-même ouvertement dans son livre, mais qui n’abandonnera jamais Jésus, pas même lorsque son maître sera mis sur la croix. Jean ne dit pas que Jésus l’aimait davantage que les autres disciples ; il affirme simplement que Jésus l’aimait, car Jésus savait que Jean ne l’abandonnerait jamais. Celui qui, avec Jacques, son frère, était appelé un « fils du tonnerre » à cause de son tempérament coléreux, est devenu celui que Jésus aimait, celui qui ne pourrait jamais trahir son maître. Plus tard, il est devenu l’apôtre de l’amour. Vers la fin de sa vie, les mots de Jésus « aimez-vous les uns les autres » sont devenus son thème préféré. Nous pouvons le lire dans les trois lettres qu’il a écrites. Ces paroles de Jésus ont transformé sa vie. Voici le message qu’il n’arrêtait pas de proclamer encore, vers l’âge de 90 ans : « Le message qui vous a été annoncé et que vous avez entendu dès le commencement, c'est que nous devons nous aimer les uns les autres. » C’est ce que nous lisons dans sa première lettre, au chapitre 3, verset 11. Avant même que Jésus meure, Jean avait compris, lui que Jésus aimait, que le message de son maître se résumait en quelques mots : « Aimez-vous les uns les autres. » Tout le reste, toute la vie chrétienne, découle de ce commandement nouveau.
Trois disciples : Judas, Pierre et Jean. Trois hommes différents de part leur caractère. Trois hommes que Jésus a aimés à l’extrême comme il a aussi aimés les autres disciples. Trois hommes aux destinées différentes. Quel avertissement pour tous les croyants : Est-ce que nous trahissons notre Seigneur par notre comportement égoïste et orgueilleux ? Est-ce que l’amour est la marque de notre caractère ? Est-ce que tout ce que nous faisons découle du commandement nouveau de Jésus, qui nous demande tout simplement de nous aimer les uns les autres ? Prions pour que nous soyons tous transformés comme Jean l’a été, comme Pierre l’a été dès qu’il est retourné à son maître sans plus jamais le quitter : « Seigneur notre Dieu. Nous ne voulons pas te rejeter, mais au contraire t’accueillir comme notre Seigneur et notre maître. Nous reconnaissons tout l’amour que tu as pour nous, et nous l’acceptons avec reconnaissance. Transforme-nous par ton amour ! Aide-nous à puiser en toi le courage et la force d’aimer. C’est au nom de Jésus lui-même que nous te le demandons, amen. »
Eh bien, rejoignez-nous la semaine prochaine, au cours de laquelle nous étudierons ensemble le chapitre 14 de l’évangile selon Jean.