Psaume 10

Semaine 2 - jour 5

Psaumes 1 - 25

Psaume 10

14:49


Au Psaume 10, l'ennemi attaque de l'intérieur. On a l'impression que Dieu est loin parce que le mal semble l'emporter sur le bien. Voici comment ce psaume commence : « Pourquoi, Éternel, te tiens-tu éloigné ? Pourquoi te caches-tu dans les moments de détresse ? » Le psalmiste pose une question bien connue de ceux qui suivent Dieu : l’inquiétude, l’anxiété, face à l’apparente inactivité de Dieu. Le psalmiste sent que Dieu est lointain et qu’il se cache dans les moments difficiles qu’il traverse.
S'abonner

Notes de l'épisode

Bonjour, et bienvenue à Dieu au quotidien, notre série d’études méditatives sur le livre des Psaumes. C’est le cinquième jour de notre deuxième semaine de réflexion sur les 25 premiers psaumes de la Bible et nous allons survoler ensemble le Psaume 10 aujourd'hui. Parce que ce psaume n’a pas de titre (au milieu de plusieurs psaumes qui en ont un), et parce qu’il partage certains thèmes similaires avec le psaume précédent, certains ont pensé qu’il s’agissait à l’origine de la deuxième moitié du Psaume 9. D’ailleurs la numérotation des psaumes change à partir de ce psaume dans plusieurs versions de la Bible grecques ou latines. Les deux psaumes forment ensemble un poème alphabétique. Chaque vers ou strophe commence par une lettre de l’alphabet hébraïque dans l’ordre, de A à Z. Ceci dit, ce psaume peut être considéré à juste titre un psaume à part. C’est un poème de lamentation sur l'apparente prospérité des méchants, mais aussi de confiance absolue dans les jugements de Dieu. Le grand réformateur Martin Luther disait : « À mon avis, aucun psaume ne décrit l'esprit, les mœurs, les œuvres, les paroles, les sentiments et le sort des impies avec autant de justesse, de plénitude et de lumière que ce psaume. »

Au Psaume 9, que nous avons examiné hier, l'ennemi attaquait de l'extérieur. Au Psaume 10, l'ennemi attaque de l'intérieur. On a l'impression que Dieu est loin parce que le mal semble l'emporter sur le bien. Voici comment ce psaume commence : « Pourquoi, Éternel, te tiens-tu éloigné ? Pourquoi te caches-tu dans les moments de détresse ? » Le psalmiste pose une question bien connue de ceux qui suivent Dieu : l’inquiétude, l’anxiété, face à l’apparente inactivité de Dieu. Le psalmiste sent que Dieu est lointain et qu’il se cache dans les moments difficiles qu’il traverse. Le mot hébreu pour « détresse » est rarement utilisé dans l’Ancien Testament. Il apparaît seulement ici et au psaume précédent, au verset 9, où Dieu « est un lieu fort au temps de la détresse. » La détresse est intensifiée jusqu’au désespoir.

Des versets 2 à 11, on a l’impression que les méchants prospèrent. Nous vivons dans un monde où le malheur arrive aux personnes qui sont bonnes. Mais pire encore, souvent, nous vivons dans un monde où le bien arrive aux mauvaises personnes. Et c'est ce que David constate :

« Le méchant, dans son orgueil, poursuit les malheureux :

ils sont pris dans les pièges qu’il a conçus.

Le méchant se vante de ses mauvais désirs,

le profiteur maudit et méprise l’Éternel.

Le méchant dit, dans son arrogance: ‘Il ne punit pas !

Il n’y a pas de Dieu !’ Voilà toutes ses pensées.

Ses entreprises réussissent en tout temps ;

tes jugements passent au-dessus de sa tête,

il disperse tous ses adversaires.

Il dit dans son cœur : ‘Je ne suis pas ébranlé,

je suis pour toujours à l’abri du malheur !’

Sa bouche est pleine de malédictions, de tromperies et de fraudes ;

il y a sous sa langue la méchanceté et le malheur.

Il se tient en embuscade près des villages,

il assassine l’innocent dans des endroits retirés ;

ses yeux épient le malheureux.

Il est aux aguets dans sa cachette comme le lion dans sa tanière,

il est aux aguets pour attraper le malheureux ;

il l’attrape en l’attirant dans son piège. Il s’accroupit, il se tapit,

et les malheureux tombent dans ses griffes.

Il dit dans son cœur : ‘Dieu oublie,

il se cache, il ne regarde jamais !’ »

Le psalmiste était troublé par l'apparente inaction de Dieu. Il voit l'homme méchant et orgueilleux qui non seulement persécute les pauvres et approuve les autres pécheurs, mais qui pèche aussi contre Dieu. Les hommes ne cherchent pas Dieu ; c'est un grand péché. Ils ne pensent pas à Dieu ; c'est aussi un grand péché. L'homme a des obligations envers Dieu, son Créateur et son Souverain, et c'est un péché de les négliger. L'homme commet ces péchés à cause de son orgueil ; ignorer Dieu est une expression de notre indépendance et de notre sentiment d'égalité (ou de supériorité) à son égard.

Le psalmiste proteste auprès de Dieu : non seulement le méchant semble jouir d’une prospérité constante, mais il en est ainsi parce que les jugements de Dieu sont bien au-dessus de lui, hors de sa vue. On peut imaginer le psalmiste penser : « Si seulement Dieu manifestait son jugement à ce méchant, il changerait de conduite. » Cela peut ressembler à une plainte contre Dieu, et dans un certain sens, c’en est une ; pourtant, il faut plutôt y voir une confiance totale en la domination et l’autorité de Dieu. Le psalmiste reconnaît que les méchants ne pourraient jamais prospérer sans la permission de Dieu ; il implore donc Dieu de ne pas le permettre.

Le psalmiste poursuit son analyse du ou des méchants qui l'ont tant tourmenté. La clé de la nature de cet homme méchant est le secret. Une autre caractéristique de l'homme méchant réside dans son côté tyrannique, concentrant sa violence sur les faibles (les innocents, les démunis, les pauvres). Il n'est ni assez courageux ni assez honorable pour combattre ouvertement ceux qui pourraient riposter efficacement.

Nous remarquons une grande différence entre la douleur du croyant qui craint que Dieu l’ait oublié - comme le psalmiste l’exprime au verset 1 -, et celle du pécheur qui espère vainement et se réconforte faussement dans l’idée que Dieu a vite oublié le mal qu’il a commis : « Il dit dans son cœur : ‘Dieu oublie, il se cache, il ne regarde jamais !’ » Les méchants confondent la patience de Dieu et la faiblesse. Ils se sentent donc libres d’agir comme s’il n’existait pas. Tout semble leur réussir, quel mal peut-il donc leur arriver ? Quel jugement pourrait tomber sur eux ? Ils ne pensent même pas avoir mal agi !

Après avoir fait ce constat navrant, le psalmiste s’adresse à Dieu. Nous lisons aux versets 12 à 18 ce qu’il lui demande :

« Lève-toi, Éternel, ô Dieu, interviens,

n’oublie pas les malheureux !

Pourquoi le méchant méprise-t-il Dieu ?

Pourquoi dit-il en son cœur que tu ne punis pas ?

Tu vois cependant leur peine et leur souffrance,

tu regardes, pour prendre en main leur cause.

C’est à toi que le malheureux s’abandonne,

c’est toi qui viens en aide à l’orphelin.

Brise la force du méchant,

punis sa méchanceté, et qu’il disparaisse à tes yeux !

L’Éternel est roi pour toujours et à perpétuité ;

les autres nations disparaissent de son pays.

Tu entends les désirs de ceux qui souffrent, Éternel,

tu leur redonnes courage, tu prêtes l’oreille

pour rendre justice à l’orphelin et à l’opprimé,

afin que l’homme tiré de la terre cesse d’inspirer de la crainte. »

Le psalmiste appelle simplement Dieu à agir. Il appelle Dieu à aider les faibles en brisant le méchant et l’homme mauvais. Il ne cherche pas à éliminer lui-même les méchants, mais il croit fermement à la justice équitable de Dieu. Il est certain que les méchants devront un jour faire face à cette justice implacable.

Le psalmiste répond à sa propre question. Les méchants, dit-il, renoncent à Dieu parce qu'ils se disent que Dieu ne leur demandera pas de comptes. Hélas, la patience de Dieu, au lieu de conduire de tels hommes à la repentance, ne fait que les endurcir dans leur iniquité. Parce que la sentence contre une mauvaise action n'est pas exécutée promptement, ils pensent qu'elle ne sera jamais exécutée.

Après une réflexion plus approfondie, le psalmiste reconnaît que Dieu a effectivement vu, parce qu’il voit et se soucie des difficultés et du chagrin des pauvres et des sans défense. Voilà la confiance du psalmiste dans les jugements de Dieu : il punira certainement les méchants pour leurs péchés. Dieu répondra aux faibles et viendra en aide aux orphelins. Cela exprime encore la confiance sereine du psalmiste. Dieu n'abandonnera pas les pauvres et les nécessiteux, mais les aidera et les bénira : il entend en effet les « désirs de ceux qui souffrent » ! Comme l’a si bien vu le prédicateur Spurgeon, le psalmiste ne dit pas : « ‘Tu as entendu la prière des humbles’ ; il veut dire cela, mais il veut dire bien plus. Parfois, nous avons des désirs que nous ne pouvons pas exprimer ; ils sont trop grands, trop profonds ; nous ne pouvons les exprimer par des mots. D'autres fois, nous avons des désirs que nous n'osons pas exprimer ; nous nous sentons trop accablés, nous voyons trop loin de notre propre désert pour pouvoir nous approcher du trône de Dieu et exprimer nos désirs ; mais le Seigneur entend nos désirs lorsque nous ne pouvons ou n'osons pas les traduire en prière. » Le Seigneur redonne courage et prête l’oreille « pour rendre justice à l’orphelin et à l’opprimé. » Voir son courage renouvelé est un grand don ; c’est une réponse à la prière parfois non dite, et une marque de la bénédiction de Dieu. Le psalmiste conclut avec l'assurance que la justice de Dieu s'applique aux méchants.

Notre psaume a commencé avec une note de désespoir dans des moments de trouble profond, mais il s’achève par une confiance sereine en la justice et la victoire de Dieu, qui règne éternellement. Le souvenir des victoires passées de Dieu contre les ennemis cruels de son peuple - dans ce cas, les Cananéens qui occupaient son pays -, a donné au psalmiste une plus grande confiance quant à l’aide présente du Seigneur. Les hommes ne sont que des hommes, qu’ils soient bons ou méchants. Ils ne sont que des « créatures terrestres » et non célestes. Ils sont donc tous limités dans leur humanité. Les pauvres, les orphelins, les déshérités ne doivent donc pas craindre les méchants, leurs menaces et leurs méfaits. Un jour, ils cesseront de semer la terreur autour d’eux et disparaîtront.

Le psaume entier répond humblement à l’arrogance et aux prétentions des méchants, qui prétendent que Dieu ne voit jamais rien. En fait, Dieu voit les épreuves et le chagrin de ceux qui s’attendent à lui. Il sait ce que nous devons affronter chaque jour et nous écoute. Les méchants prétendent que Dieu ne demande pas de comptes. En fait, c’est tout le contraire : Dieu faire rendre compte du mal que font les méchants.

Faisons-lui donc confiance dès maintenant. Et, dans la prière, disons-lui simplement : « Seigneur notre Dieu, nous confessons qu’il nous arrive de penser que tu es loin de nous, de nos préoccupations, de nos épreuves, de nos douleurs. Parce que nous ne voyons pas ta main agir en notre faveur, nous paniquons, surtout lorsque ceux qui nous entourent et ne te suivent pas semblent réussir quand nous échouons. Nous n’arrivons même plus à te prier, à te confier nos attentes les plus pressantes. Mais tu nous entends et tu nous écoutes, ta Parole le confirme, et nous te remercions pour le psalmiste que tu as inspiré, dont les paroles sont si réconfortantes. Tu es le juste juge. Nous te prions pour tous ceux qui sont opprimés, pour ceux qui se sentent abandonnés de toi, mais qui attendent tout de toi. Viens à leur secours, Seigneur, montre leur ta bonté, révèle-toi à eux, révèle-toi à nous, comme le Roi à jamais, toi qui règne dans la justice. Nous avons confiance en toi. C’est au nom de Jésus que nous te prions avec confiance. Amen.