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Bonjour, et bienvenue à Dieu au quotidien, notre série d’études méditatives sur le livre des Psaumes. Nous en sommes au deuxième jour de notre cinquième semaine, et allons étudier ensemble le Psaume 22, un psaume que David a composé et qui se chantait sur une mélodie connue à son époque. Le Réformateur Martin Luther disait : « C'est un joyau parmi les Psaumes, particulièrement excellent et remarquable. Il contient les souffrances sublimes et profondes de Christ, agonisant au milieu des terreurs et des affres de la colère divine et de la mort, qui dépassent toute pensée et toute compréhension humaines. »
Ce psaume commence brusquement avec ce cri : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? Pourquoi t’éloignes-tu sans me secourir, sans écouter mes plaintes ? » David, qui connaît Dieu et lui fait confiance, est abandonné et crie vers lui dans l'agonie. On peut facilement imaginer une situation dans la vie du roi David où il a vécu cela. À maintes reprises, il s'est retrouvé dans des situations apparemment impossibles et s'est demandé pourquoi Dieu ne l'avait pas secouru immédiatement. Pourtant, si ce psaume s'applique certainement au roi David, il est – comme beaucoup d'autres – encore plus vrai pour Jésus le Messie que pour David. L’évangile selon Matthieu nous rapporte ces paroles dans la bouche même de Jésus sur la croix : « Vers trois heures de l'après-midi, Jésus s'écria d'une voix forte : ‘Eli, Eli, lama sabachthani ?’ – c'est-à-dire : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? »
Au-delà de David et de sa vie, ce cri d'agonie et l'identification intentionnelle de Jésus à ces paroles sont parmi les descriptions les plus intenses et mystérieuses de ce que Jésus a vécu sur la croix. Jésus avait connu une grande douleur et de grandes souffrances (physiques et émotionnelles) au cours de sa vie. Pourtant, il n'avait jamais connu la séparation ou l'aliénation d'avec Dieu son Père. À cet instant, il a vécu ce qu'il n'avait jamais encore vécu. Jésus s'est senti, à juste titre, abandonné par Dieu le Père sur la croix. À ce moment précis, Dieu le Père a considéré Dieu le Fils comme s'il était un pécheur. Comme l'écrira plus tard l'apôtre Paul dans sa deuxième lettre aux Corinthiens, au chapitre 5, verset 21 : « Celui qui n'a pas connu le péché, il l'a fait devenir péché pour nous afin qu’en lui nous devenions justice de Dieu. » En même temps, on ne peut pas dire que la séparation entre le Père et le Fils à la croix ait été totale. Paul l'a clairement exprimé dans la même lettre : « Dieu était en Christ: il réconciliait le monde avec lui-même. »
Jésus a délibérément choisi ces mots pour décrire son agonie sur la croix. Plus précisément, il avait à l'esprit les prédictions sur sa crucifixion, telles qu’elle se trouvent dans ce psaume. Et il avait à l'esprit les remarques méprisantes et moqueuses de ses accusateurs que le psaume décrit. Il pensait à tout ce qu’il faisait pour nous et dont parlait déjà le psalmiste. Jésus connaissait le Psaume 22 par cœur dès son jeune âge, et savait d’avance tout ce qui allait lui arriver.
Ce que nous lisons dans les évangiles était l’accomplissement de la prophétie de David prononcée des centaines et des centaines d’années auparavant. Les versets 14 à 18 sont en effet repris dans les évangiles : « Mes forces s’en vont comme l’eau qui s’écoule, et tous mes os se disloquent; mon cœur est comme de la cire, il se liquéfie au fond de moi. Ma force se dessèche comme l’argile, et ma langue s’attache à mon palais; tu me réduis à la poussière de la mort. Oui, des chiens m’environnent, une bande de scélérats rôdent autour de moi; ils ont percé mes mains et mes pieds. Je pourrais compter tous mes os; eux, ils observent, ils me regardent, ils se partagent mes vêtements, ils tirent au sort mon habit. »
De toute évidence, David n'est pas mort dans la crise décrite par ce psaume ; il a vécu pour l'écrire, ainsi que d'autres. Il est arrivé au seuil de la mortalité lorsque Dieu l'a réduit à la poussière de la mort. Pourtant, Jésus, le Fils de David, n'a pas seulement atteint le seuil de la mort ; il a été plongé dans la poussière de la mort et dans toute la malédiction que cela implique. Dans son évangile, au chapitre 27, Matthieu déclare : « Ils le crucifièrent, puis ils se partagèrent ses vêtements en tirant au sort afin que s'accomplisse ce que le prophète avait annoncé: Ils se sont partagé mes vêtements et ils ont tiré au sort mon habit. »
Jésus savait dans le détail tout ce qui allait lui arriver. Il le savait avant même de commencer son ministère, lui qui disait à ses parents dans le Temple de Jérusalem, alors qu’il n’avait que 12 ans : « Ne savez-vous pas que je dois m’occuper des affaires de mon Père ? » Rien de ce qui s’est passé n’a été une surprise pour lui. Ses disciples et tous ceux qui croiront après eux découvrent que les souffrances de leur Maître avaient été prédites des siècles auparavant et que l’œuvre du Fils de David sur la croix était l’accomplissement de la prophétie du roi David. Jésus était pleinement conscient des souffrances qu’il allait subir : la souffrance physique, la souffrance émotionnelle, la souffrance relationnelle, la souffrance spirituelle. Et pourtant, de son plein gré, sachant parfaitement ce qu'il allait affronter, il est allé à la croix pour vous et pour moi. Il pensait à la crucifixion lorsqu'il citait le Psaume 22 depuis la croix.
Jésus avait également en tête la réaction de ses accusateurs. Il y avait des chefs religieux, ceux qui avaient fait subir à Jésus les simulacres de procès, et ceux qui s'étaient moqués de lui toute la journée. Eux aussi connaissaient le Psaume 22 par cœur, mais étaient-ils conscients qu’ils le citaient lorsqu’ils se moquaient de Jésus et disaient : « S'il est roi d'Israël, qu'il descende maintenant de la croix et nous croirons en lui. Il s'est confié en Dieu ; que Dieu le délivre maintenant, s'il l'aime ! En effet, il a dit : ‘Je suis le Fils de Dieu.’ ». C’est Matthieu, dans son évangile, qui nous rapporte leurs propos au chapitre 27. Nous lisons ceci aux versets 8 et 9 de notre psaume : « Tous ceux qui me voient se moquent de moi, ils ricanent, ils hochent la tête : ‘Recommande ton sort à l’Éternel !
L’Éternel le sauvera, il le délivrera, puisqu’il l’aime !’ » Alors que Jésus sait que son Père l’a abandonné pour un temps, eux se moquent de lui, heureux et soulagés de le faire périr ; ils ne se rendent pas compte qu’au moment où il parlent du salut de l’Éternel, Jésus est sur le point d’achever sa mission pour qu’ils soient eux-mêmes sauvés. Alors même qu'ils disaient : « Que Dieu le sauve », lui-même mettait tout en œuvre pour les secourir. Jésus n'avait pas besoin d'être secouru. Il est allé à la croix de son plein gré. Il est venu pour être notre Sauveur ; il est venu à notre secours sans que nous soyons conscients de notre perdition. D’ailleurs, plusieurs de ceux qui se moquaient de Jésus ce jour-là ont finalement cru en le voyant mourir sur la croix, comme l’un des brigands crucifié avec lui.
En mourant sur la croix, le cri de Jésus « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? » n’était pas une simple citation d’une parole de l’Ancien Testament, ni l’expression d’une vérité. Jésus exprimait véritablement la douleur qu’il éprouvait à ce moment-là. Lorsque Jésus est mort sur la croix, il a pris sur lui tous nos péchés, tous les péchés de l'humanité. Et à cet instant, il a ressenti ce que vous et moi ressentons à cause de la réalité du péché. Il a ressenti ce que signifiait être séparé de Dieu. Il a ressenti ce que signifiait être abandonné. Alors il s'écrie : « Pourquoi m'as-tu abandonné ? », parce que, à ce moment précis, il prenait votre péché, mon péché, sur la croix.
Alors que Jésus mourait sur la croix, il pensait à ce qu'il allait affronter, il pensait à ses accusateurs, mais il pensait aussi à nous, à vous. Il mourait pour notre péché sur la croix. Tout en le faisant, il nous enseigne que faire nous-mêmes lorsque nous nous sentons abandonnés à cause de notre péché. Que faire quand on a l'impression que Dieu n'est pas là ? Souvenez-vous que vous n’êtes pas les seuls à avoir ressenti cet abandon. Jésus l'a ressenti. Il a connu ce sentiment d’abandon de Dieu à cause de notre péché. Et il nous enseigne que faire quand nous ressentons ce sentiment de séparation. C’est vers le Psaume 22 que Jésus a porté son regard face à la plus grande épreuve spirituelle qu’il ait jamais vécue. Pourquoi ne pas le faire nous-mêmes ? Méditons sur ce psaume en nous rappelant que Jésus a prononcé ces paroles et a médité sur tout le psaume au moment où il prenait nos péchés sur lui. Le prix à payer pour nos fautes était le châtiment qu’il a subi à notre place. Alors, lorsque nous sommes dans l’épreuve, prions comme il a prié, n’hésitons pas à crier comme David l’a fait lorsqu’il était dans la détresse. Lorsque nous nous sentons abandonnés, n’ayons pas peur de dire à Dieu ce que nous éprouvons, continuons d’intercéder, n’oublions jamais de prier. Voilà ce que Jésus nous enseigne depuis la croix. Il savait qu’il serait abandonné un moment, mais aussi que Dieu ne l’avait pas oublié et qu’il serait délivré de la mort. David aussi s’est senti abandonné par Dieu, mais cela ne l’a pas empêché de crier à lui, car il était convaincu que Dieu l’entendrait et qu’il l’écouterait. N’hésitons donc pas à crier au secours lorsque nous sommes dans la détresse et assaillis par les force du mal qui veulent nous accabler.
Dieu reste fidèle, il l’a promis. Au verset 20 David s’écrie : « Éternel, ne t’éloigne pas! Toi qui es ma force, viens vite à mon secours ! » Dieu n’est pas sourd à nos prières. Il y répond au bon moment et ne nous laisse pas tomber dans le précipice. Prions donc avec foi.
Nous prions Dieu, et, en même temps, nous le louons, assurés de sa réponse. Voici ce que nous lisons aux versets 22 à 25 : « Tu m’as répondu ! J’annoncerai ton nom à mes frères, je te célébrerai au milieu de l’assemblée. Vous qui craignez l’Éternel, louez-le ! Vous tous, descendants de Jacob, honorez-le ! Tremblez devant lui, vous tous, descendants d’Israël ! En effet, il ne méprise pas, il ne repousse pas le malheureux dans sa misère et il ne lui cache pas son visage, mais il l’écoute quand il crie à lui. »
Après avoir livré son âme à l'agonie, David ressent maintenant avec splendeur la réponse de Dieu. La crise est devenue supportable, sachant que Dieu n'est ni absent ni silencieux. La réponse de Dieu à celui qui a vécu l’abandon signifiait instantanément qu'il ne se sentait plus abandonné. La délivrance de la crise elle-même est peut-être encore à venir, mais la délivrance du sentiment d'être abandonné par Dieu au cœur de la crise était réelle. Il y a un immense soulagement, une joie et une paix immenses dans ces mots : « Tu m'as répondu. » Il est facile de voir ces paroles s'accomplir dans l'expérience de David ; mais elles ont été parfaitement accomplies en Jésus. Même sans délivrance immédiate des difficultés, savoir que Dieu est là et qu'il ne se tait pas au milieu de nos crises est un immense réconfort.
Sachant que Jésus a accompli ce psaume prophétique, on peut se demander à quel moment précis il a pu prononcer ou vivre l'accomplissement de ces paroles : « Tu m'as répondu ». Peut-être – bien qu'il soit impossible de l'affirmer avec certitude – était-ce alors qu'il était encore pendu à la croix, mais après l'acte mystérieux et glorieux de porter le péché de l'humanité. Peut-être était-ce après l'annonce triomphale : « Tout est accompli ! » juste avant ces derniers mots : « Père, je remets mon Esprit entre tes mains ». Ces paroles évoquent un sentiment de communion rétablie, qui remplace le sentiment d'abandon.
La veille de sa crucifixion, Jésus a prononcé une longue prière, que nous lisons dans l’évangile selon Jean au chapitre 17, dans laquelle il dit à son Père du ciel : « Je leur ai fait connaître ton nom, et je le leur ferai connaître ». Ces paroles, prononcées à l’ombre de la croix, peuvent être comprises comme un désir délibéré d’accomplir la parole du Psaume 22 : « J’annoncerai ton nom à mes frères. » Jésus comprenait que son obéissance sur la croix glorifierait grandement son Dieu et Père, proclamant la grandeur de son nom. On peut dire que la dernière section du Psaume 22 reflète la raison principale pour laquelle Jésus est allé à la croix : pour glorifier et obéir à son Dieu et Père.
Le commandement est donné de louer, de glorifier et de craindre le Seigneur. Le Dieu d'une si grande délivrance mérite ces trois choses de la part de toute l'humanité. Nous voyons prophétiquement Jésus accomplir deux grandes choses après son œuvre magistrale sur la croix : il proclame le nom de Dieu, et il conduit les rachetés de toute la terre dans la louange, comme le déclare David aux versets 28 et 29 : « Tous les peuples de la terre se souviendront de l’Éternel et se tourneront vers lui,
toutes les familles des nations se prosterneront devant toi, car c’est à l’Éternel qu’appartient le règne: il domine sur les nations. »
La fidélité de Dieu envers celui qui a été abandonné devient même le fondement pour amener toutes les extrémités du monde à l'Éternel. Non seulement l'Éternel n'a ni méprisé ni repoussé l'affliction des affligés, mais il utilise cette affliction pour atteindre toutes les extrémités du monde afin qu'elles connaissent Dieu, se repentent et adorent Dieu : « toutes les familles des nations se prosterneront devant toi ! »
Je vous invite à vous prosterner devant Dieu avec moi à la fin de notre survol du Psaume 22 : « Seigneur notre Dieu, merci parce que tu ne nous as pas abandonnés. Au contraire, tu as tout fait pour que nous-mêmes, qui t’avions abandonné, qui n’avions pas suivi tes voies, puissions revenir à toi et nous laisser transformer par toi, grâce à l’œuvre de Jésus-Christ en notre faveur. Permets que les paroles de ce psaume nous touchent profondément lorsque nous le lisons et le relisons. Nous ne voulons pas oublier les souffrances que Jésus a dû subir pour que nous puissions nous tourner vers toi. Pardonne-nous lorsque nous oublions à quel prix nous avons été rachetés et que nous cédons aux tentations. Viens régner dans nos vies, toi qui règnes sur toutes les nations. Merci Seigneur parce qu’en mourant sur la croix, Jésus a pensé à tout le peuple juif, mais aussi à tous les peuples de la terre. Nous te célébrons en communion avec l’Église entière. Accepte notre louange et notre prière en son nom, amen. »
Eh bien, rejoignez-nous demain ! Nous étudierons le Psaume 23, le psaume dédié à Dieu, le bon berger.